L'hypocrisie de la Ville de Montréal : Des élus bien servis, mais des cols bleus négligés en pleine négociation
Depuis plusieurs années, la Ville de Montréal ne cesse de vanter sa gestion rigoureuse et sa responsabilité financière. Pourtant, derrière cette façade, se cache une administration qui semble avoir un double discours lorsqu'il s'agit de traiter ses élus et ses employés. Alors que les cols bleus de Montréal se préparent à entrer en négociation en 2025, il est impératif de mettre en lumière les décisions récentes de la Ville concernant la rémunération de ses élus et la façon dont elle traite ses travailleurs de première ligne.
En 2024, sous la pression de l'opinion publique, l'administration Plante a annoncé un gel temporaire des salaires des élus. Cette décision a été présentée comme un acte de solidarité en période de crise économique. Pourtant, ce gel n'est qu'une façade. Derrière cette décision, la Ville a modifié les règles du jeu : dorénavant, les augmentations salariales des élus seront alignées sur celles des employés de la Ville. Cela signifie que les résultats des négociations de 2025, où les cols bleus chercheront à améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires, auront un impact direct sur la rémunération des élus. Cette nouvelle formule soulève de sérieuses questions quant à l'équité de la situation et crée un risque évident de conflit d'intérêts.
En parallèle à ces augmentations de rémunération pour les élus, les citoyens montréalais ont vu leurs taxes foncières grimper en flèche. En 2024, la Ville a imposé une augmentation de 4,9 % des taxes foncières résidentielles, la plus élevée depuis 14 ans. Pendant que les élus s’assurent d’avoir des augmentations garanties, les Montréalais, et en particulier les cols bleus, doivent composer avec une charge fiscale de plus en plus lourde.
De plus, la Ville continue de donner des contrats à des firmes externes pour des travaux que les cols bleus seraient tout à fait capables de réaliser à moindre coût.
Ces décisions sont non seulement coûteuses pour la Ville, mais elles envoient un message clair : malgré leur expertise et leur engagement, les cols bleus ne sont pas reconnus pour leur contribution. Chaque fois qu'un contrat est accordé à une entreprise externe, c'est une occasion manquée de faire appel aux compétences des travailleurs municipaux qui connaissent la ville mieux que quiconque.
La frustration des cols bleus ne s’arrête pas là. Depuis des années, le syndicat propose des solutions pour améliorer la productivité et générer des économies pour la Ville. Pourtant, ces suggestions tombent souvent dans l'oreille d'un sourd. La Ville semble ignorer systématiquement les propositions qui viennent des syndicats, préférant s'en remettre à des consultants externes ou à des décisions unilatérales. Cette attitude ne fait qu'exacerber le
sentiment d'aliénation des cols bleus, qui voient leurs efforts pour améliorer les services de la Ville ignorés ou minimisés.
Les négociations de 2025 seront cruciales pour les cols bleus de Montréal. Dans ce contexte, il est essentiel que nous restions unis et que nous nous battions pour obtenir la reconnaissance que nous méritons. La Ville ne peut plus ignorer notre contribution, ni se contenter de décisions symboliques pour apaiser l'opinion publique. Les cols bleus sont le cœur battant de cette ville, et il est temps que l'administration en prenne pleinement conscience.
Nous devons également être conscients que nos gains auront un impact sur les salaires des élus eux-mêmes, ce qui pourrait pousser la Ville à adopter une position plus dure lors des négociations. Mais cela ne doit en aucun cas nous décourager. Au contraire, c'est un argument supplémentaire pour renforcer notre détermination. Chaque augmentation que nous obtiendrons sera une victoire non seulement pour nous, mais aussi pour la justice et l'équité dans cette ville.
L'administration municipale aime projeter une image de gestion responsable et d'austérité. Mais derrière cette façade, elle continue de protéger les intérêts de ses élus tout en demandant des sacrifices aux travailleurs essentiels. Les cols bleus de Montréal ne doivent pas se laisser berner par ce double discours. Les négociations de 2025 seront l'occasion de montrer à la Ville que nous ne sommes pas seulement des exécutants, mais des acteurs indispensables au bon fonctionnement de Montréal.
En restant unis et mobilisés, nous pouvons obtenir des conditions de travail et des rémunérations à la hauteur de notre contribution. La Ville doit cesser de favoriser ses élus au détriment de ceux qui font tourner cette ville jour après jour. L'heure est venue de réclamer ce qui nous revient de droit et de rappeler à l'administration que l'avenir de Montréal repose sur ses travailleurs, pas seulement sur ses politiciens.
Votre vice-président des relations de travail
François Laflamme
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